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"La Purge"

01 avril 2012
Auteurs
Numéros de page :
31 p. / p. 291-321
Dès le début du XIIe siècle, l'Auvergne est témoin du retour d'une maladie absente depuis plusieurs siècles : la lèpre. L'endémie contraint les autorités locales à réagir pour diminuer la propagation du mal avec notamment l'installation de plusieurs léproseries. Cependant, ce sont les Montferrandais les plus organisés avec un tribunal unique en France : "la Purge". Les origines de cette juridiction sont obscures et il faut attendre le début du XIVe siècle pour en saisir l'existence et le fonctionnement, c'est-à-dire lorsque la juridiction est créée ou officialisée sous la forme d'un tribunal royal. Détenue et présidée par le consulat de Montferrand, la purge a pour but la convocation, l'examen, le jugement, puis la mise à l'écart des lépreux résidant en Auvergne, mais aussi dans les pays voisins. Le fonctionnement de cet organe juridico-médical est assuré par un organigramme précis composé de notaires, d'huissiers, de greffiers, de sergents, de procureurs, de juges, mais surtout de médecins et de chirurgiens experts en matière de lèpre. En effet, la procédure repose sur un élément capital : la visite médicale et le procès-verbal dressé par les experts médicaux. Le déroulement de cette procédure illustre la place centrale détenue par ces savants puisque c'est à eux que revient le soin de déterminer la présence ou non du mal de lèpre sur l'inculpé. Ce jury d'experts est donc indispensable à la Purge qui ne peut rendre ses sentences ni fonctionner sans lui. Si dans certaines régions l'examen des lépreux peut repousser les praticiens, en Auvergne il n'en est rien. L'Office offert par la cour royale de Montferrand attire les cliniciens sur le long terme. La charge est visiblement porteuse de considération, mais apporte surtout des rémunérations considérables à ceux qui visitent les suspects de lèpre. Enfin, pour s'assurer l'entière disponibilité de ses experts, la Purge n'hésite pas à inquiéter les impru