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Le Savoir contemplatif

01 janvier 2013
Numéros de page :
25 p. / p. 119-143
Cet article propose de revenir sur le rapport des religieuses à la culture savante en réévaluant leurs appropriations du savoir théologique. Il s'appuie sur un dépouillement de leurs autobiographies spirituelles et de l'hagiographie des carmélites espagnoles, entre les années 1560 et les années 1630. Il met en évidence quatre postures vis-à-vis du savoir lui-même : l'ignorance feinte, la mise en scène du doute, la préservation du mystère et la mise en oeuvre d'une herméneutique du savoir visionnaire. Toutes ces attitudes expliquent les incertitudes et les ambiguïtés qui caractérisent l'écriture des religieuses, que l'historiographie a jusqu'ici justement analysée comme les signes d'une rhétorique défensive féminine, voire féministe, face aux censures masculines et inquisitoriales. Mais le flou savamment entretenu de leur prose dès lors qu'elle traite du mystère participe aussi d'une démarche moins genrée, celle de la construction et de la préservation de la croyance.