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Le "Cas Maimbourg"

01 octobre 2014
Numéros de page :
49 p. / p. 783-831
Cet article propose de revenir sur la nature et la possibilité d'un gallicanisme jésuite au XVIIe siècle en réexaminant un cas laissé de côté par les historiens jésuites contemporains, celui du P. Louis Maimbourg, expulsé de la Compagnie de Jésus sur ordre d'Innocent XI, à cause de ses publications historiques au service de la politique de Louis XIV dans le conflit de la régale. Le "cas Maimbourg" est caractérisé par une remarquable continuité dans son positionnement politico-religieux. Au coeur d'une double radicalité dans l'engagement au service du Roi et de l'Eglise, on retrouve en réalité une conception de l'obéissance dont les technologies et la culture sont proprement jésuites. Au moment du conflit autour du droit de régale, cependant, la double contrainte d'obéissance devient en réalité contradictoire et Maimbourg, avec d'autres, met sa compréhension de l'obéissance au service de son engagement dans le dispositif monarchique. Ce n'est cependant pas ce qui en fait véritablement une exception. Si, en effet, d'autres jésuites ne sont pas placés devant le même type de contradictions radicales, le problème posé par Maimbourg est interprété dans des cadres relativement similaires par la plupart des acteurs qui ont à gérer son cas. Il apparaît alors que ce n'est pas tant le contenu doctrinal, certes variable, du gallicanisme jésuite, qui permet de le caractériser, mais bien les mécanismes culturels partagés de la participation des jésuites français de la fin du XVIIe siècle au sentiment religieux gallican.