Rupture dynastique et mémoire des empereurs romains, 68-69 apr
Bulletin : Revue historique 673 - janvier 2015
01 janvier 2015
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42 p. / p. 3-44
La crise des années 68-69 après J.-C., qui voit le renversement de Néron et l'affrontement entre divers compétiteurs, met en évidence l'absence de mode régulier de désignation d'un successeur au pouvoir impérial, en dehors des adoptions au sein de la famille julio-claudienne. La référence à des modèles de comportement - ou exempla - propres à certains prédécesseurs ou à certains contextes, joue alors un rôle essentiel. Ainsi, Clodius Macer exploite, mais sans succès, le souvenir des guerres civiles de la fin de la République, tandis que d'autres acteurs, tels Vindex, Galba ou Othon, prennent d'abord appui sur les précédents des années 41-42 qui avaient vu la chute de Caligula, l'élévation de Claude puis l'usurpation de Scribonien. Mais c'est l'exaltation de la mémoire d'Auguste par Galba qui se révèle la plus efficace. Alors qu'Othon et Vitellius tentent en vain d'exploiter le souvenir de Néron à leur profit, Vespasien opère une synthèse en reprenant chez chacun ce qui fonctionne : il utilise des éléments, y compris monétaires, du discours de Galba, et approfondit les références à Auguste. Les solutions trouvées pendant ces années constituent à leur tour des précédents durables, sur lesquels s'appuieront notamment Nerva ou les protagonistes des années 193-197.