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Etre féministe en contexte colonial dans l'Algérie des années 1930

01 janvier 2015
Numéros de page :
24 p. / p. 125-148
L'implantation d'associations féministes en Algérie coloniale fut tardive et de courte durée. Cet article cherche, à travers l'étude de la création, de l'essor et du déclin, en Algérie, d'une des principales associations féministes de tendance modérée, l'Union française pour le suffrage des femmes, à questionner le concept de féminisme dans une société coloniale établie en terre de civilisation arabo-musulmane. Sara Kimble et Jennifer Boittin ont mis en évidence, à partir d'articles du journal "La Française" et de la correspondance de Mme Brunschvicg, présidente de l'UFSF, les divergences existant entre Paris et Alger à propos de l'émancipation des femmes musulmanes, malgré la certitude de toutes les adhérentes de l'UFSF d'avoir une mission civilisatrice à remplir. L'étude du journal féministe algérois "Femmes de Demain" permet de compléter et de nuancer certaines de leurs conclusions. Des militantes d'Algérie étaient prêtes aussi, comme les métropolitaines, à revendiquer une amélioration du sort des femmes musulmanes. Toutefois, connaissant bien les mentalités en présence, elles mesuraient les difficultés mais aussi les limites d'une émancipation de type occidental en contexte colonial. Le genre était en effet une composante de la hiérarchie raciale coloniale, imbriqué dans l'ordre colonial. De ce fait, le féminisme constituait en Algérie un engagement bien plus complexe qu'en métropole. Aussi, le féminisme ne peut-il être analysé qu'au prisme du colonialisme.