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Les Marchands du temple

01 avril 2015
Numéros de page :
30 p. / p. 323-352
Sous l'Ancien régime, le Palais de justice de Paris est la demeure du roi qui matérialise le mieux son pouvoir judiciaire. Mais il s'agit également d'un véritable centre commercial composé de centaines de boutiques, proposant nombre d'articles de luxe. Fondé sur le dépouillement des archives du Domaine, cet article décrit la densification commerciale des bâtiments au cours des XVIe-XVIIIe siècles. En exploitant cette fraction singulière de son patrimoine, la monarchie met en effet en oeuvre une véritable politique d'aménagement en favorisant l'emprise marchande. Les boutiquiers acquièrent ainsi des droits sur le Palais qu'ils cogèrent au quotidien. L'urbanisme royal ne saurait donc se limiter aux constructions de prestige et d'embellissement. Reste que les nombreuses créations de boutiques que la royauté encourage au cours du XVIIe siècle ne parviennent pas à modifier sérieusement les usages et logiques économiques des lieux. Les valeurs foncières que les aliénations, les ventes et les locations permettent de reconstituer indiquent le maintien d'une hiérarchie ancienne entre les différents secteurs du Palais. Elles indiquent en outre un déclin inexorable de cet espace au cours du XVIIIe siècle, sous l'effet de l'éloignement des élites sociales.