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De la dénazification à la sanction des communistes

01 octobre 2015
Numéros de page :
25 p. / p. 899-923
Cet article a pour objet l'étude de l'épuration anticommuniste dans la fonction publique ouest-allemande des années 1950 et 1960. Fondé sur le dépouillement de procédures disciplinaires, il analyse ce que l'institution entend par « devoir de fidélité » des fonctionnaires envers l'ordre démocratique constitutionnel de la RFA. Pour ce faire, l'article envisage la longue durée de la « fonction publique professionnelle » depuis le XIXe siècle et la manière dont le « devoir de fidélité » a été formulé sous divers régimes (la monarchie prussienne, la République de Weimar, le régime national-socialiste), afin de comprendre où se situe le renouvellement après la Seconde Guerre mondiale. La thèse défendue ici est que le renouvellement normatif forgé pour tirer un trait sur le nazisme, principalement dans la Loi fondamentale de 1949 et la loi fédérale sur les fonctionnaires de 1953, a été utilisé à l'encontre d'une autre population cible, les communistes, non seulement dans le contexte géopolitique de guerre froide, mais aussi dans celui de la réintégration massive des anciens fonctionnaires du régime nazi, qui défendent leurs positions professionnelles et leurs carrières face aux individus recrutés ou revenus après le 8 mai 1945. La sanction disciplinaire de l'adhésion aux partis KPD ou SED et plus généralement du militantisme communiste offre un contrepoint peu connu à la répression pénale des communistes en RFA et permet de s'interroger sur l'arrière-plan social des pratiques anticommunistes de la fonction publique à l'échelle individuelle.