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Christine de Pizan dans l'Angleterre du XVe siècle

01 juillet 2016
Auteurs
Numéros de page :
22 p. / p. 491-512
De nombreux textes littéraires en anglais, au XVe siècle font preuve d'une préoccupation pour le bon gouvernement et le bien commun. Plusieurs d'entre eux sont des traductions ou des adaptations du français, qu'il s'agisse de textes originaux (Guillaume de Deguileville, Alain Chartier, etc.) ou de traductions du latin (Laurent de Premierfait, etc.), sans compter les influences plus informelles. Christine de Pizan est bien connue en Angleterre dès le tournant des XIV e et XV e siècles : Henri IV de Lancastre l'a invitée à sa cour (invitation qu'elle a refusée) et des manuscrits de ses oeuvres circulent. Elle est également traduite et adaptée tout au long du siècle et encore au siècle suivant, sous le règne d'Henri VIII Tudor. Qu'apporte Christine à ces auteurs-traducteurs ? C'est peut-être d'abord l'éloquence de Christine, et l'usage qu'elle en fait, qui les aurait séduit, et cela est sans doute une raison importante dans un siècle où l'anglais se constitue en langue savante, politique et littéraire. Mais, plus largement, se pose la question de l'articulation entre ces développements de l'anglais et l'usage politique que font ces auteurs de Christine de Pizan, à un moment où l'Angleterre et la France se construisent en partie par leur confrontation, et alors même que Christine est une femme. Cet article aborde cette question à travers trois exemples de traductions empruntés à trois moments différents : la "Letter of Cupid" de Thomas Hoccleve au tout début du XVe siècle, l'"Epistle of Othea" de Stephen Scrope dans les années 1440 et les "Fayttes of Armes" de William Caxton, imprimés en 1489.