Il suffit d'établir le bilan d'une année de cinéma pour vérifier que plus de la moitié des meilleurs films sont passés par l'une ou l'autre des sections du Festival de Cannes, lesquelles n'en programment en fait que moins d'une centaine, ce qui en dit long sur la rigueur de l'écrémage. Pourtant, quand on annonce un grand cru, les désillusions sont parfois au rendez-vous et lorsqu'on redoute le pire, on a souvent le meilleur. 2013 est en quelque sorte l'exception qui confirme la règle, puisque, lors de l'annonce de la sélection, Gilles Jacob et Thierry Frémaux avaient insisté sur le fait que les grands auteurs avaient réalisé de grands films, conjonction aussi rare que l'alignement de la lune et du soleil. Par ailleurs, la sélection française apparaissait particulièrement fournie, mais l'an dernier, seul « Mud » avait émergé des quatre films américains présentés en compétition, aucun des trois autres n'ayant rempli ses objectifs. Pourtant, une fois n'est pas coutume, les belles promesses ont été tenues, la météo maussade ayant contribué elle aussi à remplir des salles généralement complètes devant lesquelles se pressaient des tapis de parapluies auxquels il ne manquait que l'uniformité de la couleur noire pour évoquer la scène d'ouverture de « La Comtesse aux pieds nus ».