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Entretien avec Jean-Jacques Annaud

01 février 2015
Auteurs
Numéros de page :
12 p. / p. 144-155
Jean-Jacques Annaud n'est pas de ces cinéastes qui nous donnent des nouvelles tous les six mois. Et pour cause : ses films sont en général d'une ambition peu commune qui demandent plusieurs années de gestation. Ce n'est pas par ailleurs lui faire offense que de dire que ses derniers films nous avaient un peu laissés sur notre faim... C'est par conséquent avec un plaisir intense que nous retrouvons l'auteur de « L'Ours » et du « Nom de la rose » au meilleur de sa forme. « Le Dernier Loup » est en effet un film qui possède un souffle, un lyrisme que peu d'autres films peuvent se targuer d'aligner. Sous couvert de raconter l'une de ces histoires animalières dont il a le secret, le cinéaste nous entraîne une nouvelle fois en terre inconnue, nous dépayse au meilleur sens du terme. Cette fois-ci c'est en Mongolie intérieure qu'il a installé sa caméra et planté sa yourte, pour nous parler de la relation millénaire des hommes et des loups, et de façon plus large pour nous intéresser à l'équilibre écologique, au sens le plus noble du terme. Ce qui ne prive aucunement le film de superbes scènes d'action, dont on n'a pas fini de demander comment il a été possible de les filmer (le cinéaste répond en partie à la question dans l'entretien qui suit). Esthétiquement d'une beauté à couper le souffle, traversé par une morale de la vie qui laisse à plusieurs années-lumière nos petits tracas quotidiens d'Occidentaux repus, le film bénéficie en outre de l'apport de la 3D, technique à laquelle Annaud s'était déjà frotté pour son court-métrage « Guillaumet, les ailes du courage », il y a vingt ans. C'est vrai que notre homme prend un plaisir particulier à repousser les limites de la technique pour nous offrir des films plus spectaculaires les uns que les autres. Mais ce n'est jamais gratuit, et l'humanité reste au coeur de ses préoccupations. Y compris pour indiquer que trop souvent l'homme est un loup pour l'homme...