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″Journal d'une femme de chambre"

01 mai 2015
Numéros de page :
114 p. / p. 6-119
Quel meilleur moment que ce mois de mai pour célébrer le travail, auquel son premier jour est attaché ? Car si "Journal d'une femme de chambre" est un classique de la littérature, adapté au cinéma à plus d'une reprise, c'est aussi le portrait naturaliste d'une jeune femme de son temps pour qui le travail n'est pas une sinécure. Même si c'est par lui qu'elle se définit. Notre héroïne est femme de chambre: frotter les sols, obéir au doigt et à l'oeil, supporter les devoirs de sa charge constituent le BA. BA de sa condition. Nous ne pouvons que compatir, même si la rage froide qui l'anime fait parfois un peu peur. Mais il faut dire qu'aucun des autres personnages n'échappe au tableau vitriolé que le romancier à qui l'on doit ce Journal, et les cinéastes qui l'ont suivi dressent de ce début du XXème siècle, à l'heure où le pays se déchire, alors que les ligues d'extrême droite bombent le torse. Benoit Jacquot est sans doute celui qui, plus que Renoir ou Bunuel, a su en s'emparant du roman de Mirbeau dessiner à la perfection le lien intime qui lie les êtres à leur travail.