Si l'on reconnaît aussi les grands écrivains à leur art de devenir autre, de se démultiplier en cent personnages fictifs, que dire de Romain Gary ? L'homme était un bal masqué à lui tout seul. Capable de revêtir plusieurs costumes à la fois : ceux de Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat ou Emile Ajar, posés par-dessus celui de Romain Gary, qui lui-même recouvrait la figure originelle de Roman Kacew. Lequel se disait né en Russie quand c'était en Lituanie. S'inventait un père acteur célèbre quand celui-ci ne fut qu'un pauvre figurant de l'histoire... Ce monsieur Kacew ? Vraiment, tout un Roman. Sommaire. Un "vieux coureur d'aventures". Un mentor inattendu. Une orgie dans un train fantôme. Précocement vert. "Il avait besoin de vivre dans le drame", entretien avec Roger Grenier. Les ombres de Vilnius. Une famille hors père. Les ailes brisées de son premier film. Des sentiers peu glorieux. Les romans amarrés au Quai d'Orsay. "Il n'a pas un gramme de lâcheté", entretien avec Joan Sfar. "J'aime pas les livres mais j'aime bien Gary". Rencontre tardive avec un rebelle. Trop dissipé pour être admis en amphi.