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Le Coq et le klaxon, ou la France à la découverte du bruit, 1945-1975

01 juillet 2014
Numéros de page :
16 p. / p. 85-100
Les années 1950 et 1960, travaillées par de nouvelles exigences de bien-être, sont aussi celles d'une intolérance accrue au tumulte sonore de la vie moderne. Le motif, articulé vingt ans plus tôt, trouve alors une cohérence nouvelle. Le bruit se fait « fléau social ». Les médecins en scrutent les méfaits sur l'organisme, ils contribuent au tracé des vigilances nouvelles et légitiment les inquiétudes collectives. Tandis que le silence reprend place parmi les signes de distinction sociale, tandis que des associations se montrent habiles à ériger la « lutte contre le bruit » en juste cause, les pouvoirs publics instituent un moderne « droit au silence ». La réglementation des normes sonores, l'interdiction du klaxon en ville ou l'extension des dommages et intérêts en matière de bruits ordonnent cette entreprise historique de pacification sonore des existences. Cet article, qui éclaire un épisode des sensibilités contemporaines, entend questionner plus largement les mécanismes qui président aux déplacements des seuils de tolérance et les logiques sociales dont ils sont le produit historique.