La Fabrique d'un intolérable
Bulletin : Vingtième siècle 123 - juillet 2014
01 juillet 2014
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Numéros de page :
13 p. / p. 148-160
Etudiant la disparition des exécutions publiques au cours de la Troisième République, cet article émet l'hypothèse selon laquelle ce qui relève en apparence du somatique interroge en permanence les fonctionnements sociaux. Afin d'analyser ce que le corps fait au politique et à cette technologie punitive particulière qu'est l'élimination physique des criminels, il interroge les conditions d'utilisation de ce matériau historique spécifique que sont les sensibilités. Il explore leurs usages et la police dont elles font l'objet dans le passé. Cette police joue subtilement sur ce qu'il est légitime de ressentir face au spectacle de la guillotine, et prescrit de « bonnes manières » de le voir. C'est notamment par ce biais que le rituel sanglant est progressivement institué comme un intolérable. L'article montre finalement que ce qui change est moins la mise à mort que la façon de l'éprouver et de la regarder.