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Le Camp du "pas d'amalgame"

01 février 2016
Numéros de page :
13 p. / p. 54-66
Dans "Foi et savoir", Jacques Derrida avertissait son lecteur qu'il ne fallait "jamais traiter comme un accident la force du nom dans ce qui arrive, se fait ou se dit au nom de la religion". Beaucoup de nos contemporains auront vite fait d'oublier les leçons de ce "pape" de la postmodernité. Après les attentats du Bataclan, comme après ceux du 7 au 9 janvier 2015, le mot a fusé. Impérieux."Cela n'a rien à voir avec l'islam !" Il revenait en boucle sur les réseaux sociaux. Il partait d'une conviction sincère : rendre tous les musulmans responsables des actes sanguinaires de quelques fanatiques serait une sorte de folie à rebours, une autre démission de l'esprit. Ce serait en outre donner aux terroristes ce qu'ils cherchent : radicaliser la France et l'engager dans une future guerre civile opposant musulmans et non-musulmans. Bref, l'engrenage de l'horreur.