La Fin des belluaires
Bulletin : <>Quinzaine littéraire 1037 - mai 2011
01 mai 2011
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1 p. / p. 32
″Si vous ne savez pas de quoi vous avez peur, vous aurez peur de tout″, avertissait John Le Carré. Il existerait donc une forme efficace de crainte reposant sur la perception de ses ressorts, décryptage audacieux rendant intelligible ce qui prétendrait signer notre impuissance. Redouter l'éviction de la presse écrite par le numérique et les réseaux sociaux, regretter la perte d'intérêt de nos sociétés pour l'information : si elles restent de l'ordre des idées générales, ces appréhensions ne sont guère salutaires. Par la précision de leur propos, deux livres offrent un antidote à ce sentiment de menace confuse. Ils ne sonnent pas le tocsin, ils ne promettent pas des lendemains qui chantent : ni alarmistes ni euphoriques, ils cultivent le refus du déni et les bienfaits d'une description fouillée. Sous la crise économique et la crise financière frappant l'écrit, n'y a-t-il pas, prête à sourdre, une crise du langage ?