Les Mauvais chemins
Bulletin : Futuribles 394 - mai 2013
01 mai 2013
Numéros de page :
9 p. / p. 25-33
Dans ″L'Engrenage de la technique″, ″L'Enfermement planétaire″ et ″Les Horizons terrestres″, André Lebeau lançait un avertissement solennel et pressant : l'espèce humaine a atteint les limites, à la fois physiques et économiques, de sa niche écologique. Pour la première fois de son histoire, elle se trouve confrontée à un défi qui engage sa survie. Trop nombreuse, gaspillant les ressources et polluant inconsidérément, elle fonce irrémédiablement vers la catastrophe finale. Alors qu'elle n'a aucun moyen de s'échapper de la planète sur laquelle elle s'est développée, elle soumet les ressources en énergie, en matières premières, en production alimentaire, en eau potable et en espace vital à des tensions qui ne peuvent s'accroître indéfiniment sans que se produisent soit des ruptures radicales, soit de profondes transformations des comportements collectifs. Ni la technologie ni l'économie, fondée sur le mythe de la croissance éternelle, ne peuvent apporter de solutions, car elles constituent précisément les sources du problème. Si le néolibéralisme érigeant le marché en sauveur suprême aggrave les choses, le développement durable n'est pas plus pertinent pour enrayer le mécanisme fatal car il est aveugle au creusement des déséquilibres qu'implique désormais tout développement. La Terre peut peut-être nourrir plus de gens, mais pas en assurant à chacun la part de ressources dont disposent aujourd'hui un Européen et (encore moins) un Américain. Pour le dire autrement, le niveau de vie de certains est désormais inséparable de la misère des autres. Est-il encore possible de modifier les comportements collectifs ? C'est cette question qu'abordait André Lebeau dans le livre inachevé dont l'avant-propos est présenté dans cet article. Sans jamais formuler de pronostic sur l'issue, il en doutait, l'évolution ayant programmé l'homme pour se diviser en groupes, conquérir des territoires et dominer son prochain,