Aller au contenu principal

Histoire de l'art à l'âge du cinéma

01 juillet 2010
Numéros de page :
13 p. / p. 137-149
Dans les biennales d'art contemporain, la vidéo est devenue, qu'on s'en réjouisse ou le déplore, un outil universel, une sorte de ″green card″ de l'art d'aujourd'hui. Cest un support aisé, surtout avec les sous-titres, notamment pour les artistes des pays émergents, s'ils peuvent avoir les moyens de cette technique. Le film d'histoire de l'art pourrait-il devenir également un langage partagé par la communauté des historiens de l'art ? Ce type de film est caractérisé par l'association d'un cinéaste et d'un historien de l'art, comme Roberto Longhi et Umberto Barbaro produisant ensemble ″Carpaccio″ en 1948. Erwin Panofsky, Rudolf Arnheim et Carlo Argan ont analysé le cinéma. D'autres l'ont pratiqué pour faire de l'histoire de l'art : Kenneth Clark, Carlo Ragghianti qui a créé 20 critofilms entre 1948 et 1964 qu'il définissait comme ″une lecture et une analyse critique du langage artistique réalisée dans le langage visuel du cinéma″. Cette histoire de l'art filmée se veut comparative, marquée par la relecture de l'art du passé, à la manière dont Bill Viola, par exemple, anime lentement la peinture. Dans son livre ″L'intemporel″ (1973), Malraux écrivait que le ″musée de l'audio-visuel″ avait remplacé le ″musée imaginaire″. Avec la vidéo et l'art numérique (digital art), le film d'histoire de l'art est entré dans une nouvelle ère, tout en étant un élément de l'enseignement de l'histoire de l'art comme l'avait souhaité très tôt, dès les années 1950, l'historien de l'art Pierre Francastel. Mais surtout, c'est l'histoire du ″film d'histoire de l'art″ qui reste à faire, alors que les enjeux du monde polycentré dessinent un autre avenir.