Histoire de l'art et traduction
Bulletin : Diogène 231 - juillet 2010
01 juillet 2010
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Numéros de page :
14 p. / p. 60-73
Cet article texte expose des idées qui ont vu le jour au moment de la création de ″Art in Translation″, la première revue se consacrant à traduire en anglais les principaux textes produits dans le monde sur les arts visuels. Quand l'histoire de l'art a accède à la reconnaissance universitaire à la fin du XIXe siècle, elle avait doublement partie prenante avec le langage. D'une part, les objets d'étude répondaient à des divisions linguistiques, reflétant souvent des frontières nationales. D'autre part, les écrits sur l'art donnèrent le jour à différentes écoles dans les principales langues européennes. Conformément à l'historiographie traditionnelle, l'allemand fut la langue dominante de la discipline à ses débuts, avant d'être supplanté par l'anglais dans la deuxième moitié du XXe siècle. Cet état de fait implique à la fois l'acceptation d'un canon dans le champ des écrits sur l'art et d'une relation hiérarchique entre différents domaines linguistiques. La perspective postcoloniale invite à remettre en question ces deux principes. Tout en oeuvrant à l'encontre de la diversité, l'hégémonie de l'anglais comme langue universelle permet de communiquer par-delà les frontières linguistiques. Cet article porte sur la politique de la traduction en histoire de l'art : les avantages et les dangers de la domination de la langue anglaise. Comment la traduction ou son refus affectent-ils le flux de la connaissance et l'échange des idées ? Au-delà des dimensions idéologiques, nous examinerons aussi la façon dont les théories sur la traduction proposent une rigoureuse méthodologie critique qui peut faire progresser la réflexion sur la culture des arts visuels.