Plus de neuf millions de produits contrefaits ont été saisis par les douanes françaises en 2011, parmi lesquels un million et demi de marchandises saisies au ″fret-express″, autrement dit issues de commandes particulières sur Internet. Ce dernier chiffre témoigne d'un phénomène en expansion que l'on peine encore à mesurer précisément mais dont les conséquences, pour le consommateur comme pour certains secteurs économiques, pourraient se révéler très lourdes : l'essor de la diffusion de contrefaçons de produits, notamment à risques, sur Internet. Les auteurs en présentent ici les principaux enjeux, rappelant d'abord le contexte particulier que constitue Internet pour les contrefacteurs, ainsi que la réalité du phénomène et les dangers inhérents. Ils soulignent également la difficulté de lutter contre la contrefaçon sur Internet à l'échelle internationale, en raison d'un débat et d'actions trop ciblés sur les aspects juridiques (propriété intellectuelle en particulier), ou traitant la cybercriminalité sans réellement aborder la contrefaçon, et reposant sur une nébuleuse d'institutions coopérant très peu. Dans ce contexte et compte tenu des perspectives qu'ils dessinent pour le binôme ″contrefaçon Internet″ à l'horizon 2020, les auteurs formulent quelques recommandations pour remédier au problème, consistant notamment à prendre conscience de l'imbrication croissante des mondes réel et virtuel, et de la difficulté à réguler les échanges sur Internet : c'est en organisant la ″résilience″ via de bonnes stratégies de sécurité et dans une logique coopérative que les individus, les entreprises et les institutions concernés pourront faire face à la diffusion de produits contrefaits sur Internet - leur élimination définitive étant exclue.