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Claude Lévi-Strauss

01 janvier 2013
Numéros de page :
223 p. / p. 3-225
Depuis la disparition de Claude Lévi-Strauss (1908-2009), les volumes d'hommage, biographies et autres études critiques, déjà assez nombreux de son vivant, se sont multipliés, comme si cette littérature secondaire voulait, par son flux intarissable, prolonger encore l'exceptionnelle longévité et productivité du fondateur de l'anthropologie structurale - en lui érigeant un formidable mémorial de papier, à l'aune tant de sa place éminente dans l'histoire intellectuelle du XXe siècle que du prestige de vieux sage qui l'auréolait les derniers temps - tels les « trésors nationaux vivants » de ce Japon qui le fascinait. Cependant les ethnologues nous ont appris combien étaient ambivalents les pompes et honneurs voués aux défunts, surtout illustres. Derrière les solennités qui célèbrent à l'envi leur mémoire et les promeuvent au statut d'ancêtre, ne dissimule-t-on pas aussi - plus encore, qui sait ? - le désir de s'assurer qu'ils sont désormais définitivement installés dans l'au-delà, à bonne distance des vivants et ne viendront plus les troubler par d'intempestives apparitions ? L'analogie semble particulièrement pertinente en ce cas, non seulement en raison de l'ampleur exceptionnelle que le phénomène de célébration a prise, mais aussi parce qu'il a accompagné un changement de statut intellectuel de l'homme et de l'oeuvre.