Le Mirage des classes moyennes en Afrique
Bulletin : Futuribles mai juin 2023
01 mai 2023
Auteurs
Numéros de page :
pp.59-72
Le contexte inflationniste qui pèse sur l’économie mondiale depuis plus d’un an, lié aux conséquences de la guerre engagée par la Russie en Ukraine, met à mal le pouvoir d’achat d’une partie importante des consommateurs, en Europe comme ailleurs. Les premiers touchés par cette situation sont, bien évidemment, les ménages à bas revenus et issus de la classe moyenne, qui peuvent rapidement basculer dans la pauvreté. Si ceci vaut dans les pays développés, c’est encore plus prégnant dans les pays en développement, à commencer par ceux du continent africain dont la croissance économique mise beaucoup sur l’essor des classes moyennes. Or, sans même tenir compte des évolutions récentes ayant suivi la crise Covid et le conflit en Ukraine, cette émergence des classes moyennes en Afrique reste très hypothétique, comme le montre ici Marc Lautier. Après un bref rappel de la situation économique en Afrique subsaharienne, principal gisement mondial de population active, actuel et à venir, Marc Lautier revient sur la notion de classe moyenne et son apport en matière de développement socio-économique. Il montre combien les définitions et analyses de la classe moyenne diffèrent et font souvent preuve d’un excès d’optimisme. Retenant pour sa part le niveau de revenu et la capacité de consommation qu’il confère aux individus (autrement dit, une population sortie de la pauvreté), Marc Lautier montre que les classes moyennes, à l’exception sans doute de l’Afrique du Sud, devraient rester très marginales en Afrique subsaharienne, y compris à long terme. Elles ne représenteraient guère plus de 4 % de la population d’ici 2030, ne permettant pas de tirer la croissance de la demande et d’enclencher une expansion économique solide et durable. À un horizon plus lointain, la situation est moins figée et dépendra très largement de la dynamique démographique régionale. Données chiffrées. Graphiques.