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Ce que les queers ont à dire de la technique. Repenser la technocritique à partir d’expériences minoritaires

01 octobre 2022
Numéros de page :
pp.108-125
Les queers sont de longue date la cible privilégiée de ceux et celles qui ancrent leurs principes moraux dans la nature. Ainsi les rapports homosexuels ont-ils durant des siècles été qualifiés de « contre nature » – ils le sont toujours d’ailleurs, et ce stigmate revient de façon stupéfiante de nos jours, notamment dans les débats étatsuniens à l’heure où certains États envisagent sérieusement d’interdire la sodomie. De l’autre côté du spectre politique, on entend régulièrement les discours outrés de certains groupes engagés dans l’écologie politique qui voient par exemple dans la transition de genre la réalisation paradigmatique de l’individu néolibéral aliéné qui cède à tous ses désirs, même les plus fous, les plus artificiels, les plus soumis aux lois du marché. Faisant fi de la longue histoire de violences technologiques à l’encontre des queers, ces derniers croient les LGBTQI+ rangé·es derrière la toute-puissance du « progrès technologique » sans limite ni éthique. Pourtant depuis quelques décennies, des militant·es, des artistes, des chercheur·euses queers s’engagent, loin des caricatures, afin de repenser leur rapport à la technique, de proposer une technocritique qui prennent en compte leur histoire, mais aussi d’inventer des outils allant dans le sens de l’émancipation de tous·tes.