"Les Trois Pylônes" est un roman, un vrai, avec narrateur à multiples identités, histoire, héros inattendus qu'un imaginaire effervescent lance dans des aventures où le réelle plus cru se mêle à la métaphysique et la théologie les plus hautes. L'auteur de cette folle équipée est un jeune homme, Felix Macherez, qui est aussi bien à tu et à toi avec Calaferte, Sade, les poètes du Grand Jeu, Pasolini, Burroughs, Baudelaire, qu'avec Pascal, les quatre évangélistes, les grands mystiques Léon Bloy et son inspirateur Ernest Hello. L'ambition de Felix Macherez est grande, il a raison, il a les moyens de son ambition, outre sa vaste culture littéraire et musicale (admirables pages sur Schonberg), il ne s'en raconte pas, il est doué d'un incisif humour, écrit net, serré, sans graisse métaphorique. D'entrée il la précise, son ambition, après avoir défini les trois pylônes qui ouvrent et soutiennent son livre, "l'art, la foi, l'amour" : ce sont, écrit-il, ces cc trois éternelles colonnes n qui donnent accès à "l'infini" que porte en elle chaque vie humaine. Quelques mots sur Felix Macherez. Il est aussi photographe, a vécu aux États-Unis, est l'auteur d'un premier beau livre, Au Pays des rêves noirs (Équateurs, 2019) consacré à l'aventure d'Artaud au pays des Tarahumaras. Il collabore depuis quelques temps aux pages livres d'artpress. Comme le refusait Guyotat, son narrateur récuse le titre d'écrivain; dans sa superbe scène sexuelle des dernières pages (les scènes les plus difficiles à réussir, selon mon camarade Sollers), il se qualifie avec humour d'cc extrême écrivain n, entraînant sa partenaire, une prostituée, à se déclarer "extrême putain". S'ensuit un riche dialogue entre eux où la question du Bien et du Mal est au poste de commande.