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Métropole et monastères : l'urbanisation médiévale de Paris. Le cas de la seigneurie ecclésiastique de Saint-Martin-des-Champs

01 juillet 2019
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Numéros de page :
pp.541-575
Entre 1100 et 1300 la ville de Paris est devenue la métropole la plus grande dans le monde occidental. L’espace urbain de Paris était extrêmement fragmenté, aussi bien juridiquement que socialement. Les grands seigneurs ecclésiastiques qui sont au cœur de cet article purent grâce à des privilèges royaux et épiscopaux s’assurer des droits seigneuriaux, fonciers et judiciaires très étendus dans leurs territoires parisiens. Ce faisant, ils entraient en concurrence directe avec le roi et l’évêque pour l’exercice des droits de seigneurie en ville. C’est dans cette perspective que le projet de recherche sur les bourgs et censives parisiens présenté ici pose les questions suivantes : à quelle époque commence l’immigration dans ces espaces, quand perdent‑ils leur empreinte purement agraire ? Comment les propriétaires fonciers, dans le cas de Paris les seigneuries ecclésiastiques, affrontent‑ils les défis posés par l’urbanisation ? Quels mécanismes d’intégration existent pour la ville et les quartiers en développement ? Quel rôle joue à Paris en particulier le roi, en tant que seigneur de la ville, dans ce processus ? Et dans quelles conditions la ville de Paris devint‑elle cette « incomparable » métropole (« Paris sans pair ») qui, pas uniquement en termes quantitatifs, mais aussi dans la perception qu’elle-même et les autres avaient d’elle, se transforma en la plus grande ville européenne ? Pour répondre à ces questions, l’article se concentre sur l’exemple de la censive du prieuré de Saint-Martin-des-Champs et ses riches fonds de documents juridiques et administratifs. Les chartes conservées de Saint-Martin-des-Champs peuvent, pour des temps très anciens, donner des aperçus de l’administration du territoire du prieuré à Paris, qui s’étendait autour de l’endroit de sa fondation et le long de l’ancienne rue Saint-Martin jusque par endroits sur la rive droite de la Seine. Les chartes indiquent que le monastère commença vers le milieu du XIIe siècle à vendre des terrains dans son bourg parisien et à lier à soi les acheteurs en les soumettant à des cens et d’autres droits seigneuriaux.