Dans quelques années, quand le flot constant se sera calmé, il faudra revenir sur cette accélération étonnante du rythme de production de Martin Scorsese dans les années 2010, à un moment où beaucoup de réalisateurs entrent en pré-retraite. Scorsese, au contraire, accélère, toujours au sommet de la pyramide hollywoodienne et de la cinéphilie là où la plupart de ses célèbres collègues (à commencer par de Palma et Coppola, Spielberg étant l'exception) sont quasiment tous sur la touche ou totalement éloignés des plateaux. Un documentaire entre chaque film, un pilote de série télé tous les cinq ans, l'auteur de "Taxi Driver" ne semble désormais jamais arrêter, se servant des nouveaux équipements pour fignoler, entre chaque long métrage événementiel, plusieurs oeuvres intermédiaires. Et, tous les cinéphiles l'auront observé, la plupart des dites oeuvres sont des documentaires, hagiographies ou captations de concerts, tournant presque exclusivement autour de l'autre grande passion du réalisateur, après le cinéma et la religion, le rock'n'roll. C'est, apparemment, également le cas de ce "Rolling Thunder : a Bob Dylan Story". Mais les apparences sont trompeuses, surtout pour un film où les masques, le déguisement, jouent un rôle central.