Les Sept âges de l'écrit. Les régimes de scripturalité du Douaisis, Ier siècle av. J.‑C. – XIIe siècle de notre ère
Bulletin : Revue historique 692 - octobre 2019
01 octobre 2019
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pp.765-831
La ville de Douai a connu une « révolution documentaire » au Moyen Age central dont on essaie de montrer ici en quoi elle a pu se distinguer des rapports avec l’écrit entretenus auparavant par les sociétés locales. Ces pratiques scripturaires propres à une époque sont désignées comme « régime de scripturalité ». On a pu en distinguer sept successifs depuis l’apparition de l’écriture dans le Douaisis à la fin de l’Age du fer. Cet article entend les retracer dans une étude de cas à l’échelle de ce petit pays. A la pseudo-scripturalité préromaine, succède la scripturalité complexe du Haut-Empire, qui semble traverser une crise durant l’Antiquité tardive. Celle-ci débouche sur la scripturalité restreinte chrétienne de l’époque mérovingienne. La vallée de la Scarpe abrite ensuite un foyer de la Renaissance carolingienne, période caractérisée par un redéploiement de l’écrit vers les sphères de gouvernement laïc. Dans les décennies entourant l’An mil, la scripturalité tend à être confinée au monde monastique, mais à partir des années 1060 environ, l’écrit s’ouvre socialement, son usage s’intensifie, Douai accueille une école de grammaire. On entre dans la « révolution de l’écrit ». L’histoire de la scripturalité du Douaisis au cours de ce long millénaire n’a été ni cyclique, ni linéaire. Apports et transformations successives ont permis la transition des scripturalités antiques vers celles du Premier Moyen Age qui ont préparé un Second Moyen Age scripturaire inauguré autour du seuil du XIIe siècle.