Corps et anticorps. Les grands officiers de Provence durant le règne de Jeanne de Naples, 1343-1382, un symptôme du délitement de l'Etat ?
Bulletin : Revue historique 693 - janvier 2020
01 janvier 2020
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pp.67-108
Le règne de Jeanne Ire est considéré comme un moment de délitement de l’Etat angevin, de ses pratiques administratives, de son emprise juridictionnelle et de son autorité sur les élites. Mais ses méthodes n’ont rien de nouveau, leur généalogie s’enracine dans l’époque de Charles II. C’est une refondation des liens entre Etat angevin et oligarchies locales qui s’opère dès le règne de Robert et un changement de perspective politique. Pour les domaines provençaux, assez bien documentés (chartrier comtal, registres des officiers, édits de réformation, correspondance avec la papauté), il convient d’examiner plus précisément la mise en place progressive et chaotique de nouvelles relations avec l’oligarchie locale, en particulier les notables urbains. Dans ces nouveaux rapports de force, les grands officiers occupent une place centrale tant par leur milieu d’origine, que par leurs intérêts matériels. Ces derniers sont rivés à une conjoncture économique et démographique qui conduit ce groupe social à reconsidérer ses stratégies, au regard des rentes et revenus qui fondent son hégémonie. L’enjeu est ici de repenser la construction de l’État, en dépassant les taxinomies qui débouchent sur une échelle de valeurs destinée à mesurer leur degré de perfection et d’achèvement.