Le Système de crédit social chinois. Comment Pékin évalue, récompense et punit sa population
Bulletin : Futuribles 434 - janvier 2020
01 janvier 2020
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pp.27-48
Dans nos sociétés modernes, de plus en plus connectées et en interaction permanente, la propension à tout noter et tout évaluer va croissant, qu’il s’agisse d’apprécier un échange téléphonique, de noter un service de livraison ou un rendez-vous médical, de donner son avis sur une photo, un article, etc. : l’individu / consommateur / citoyen est régulièrement sollicité pour exprimer son avis. Mais au-delà de ces sollicitations individuelles, déjà discutables, on voit se développer aussi des dispositifs institutionnalisés de contrôle, basés sur des systèmes de notation, à l’instar de celui mis en place en Chine à la fin des années 1990, qui fait l’objet d’un renforcement particulier depuis une dizaine d’années. Big Brother serait-il passé de la fiction à la réalité comme le craignent de nombreux commentateurs occidentaux du système de crédit social (SCS) chinois ? Emmanuel Dubois de Prisque revient ici sur le SCS, montrant comment — inspiré des pratiques occidentales d’évaluation des capacités d’emprunt et de remboursement des acteurs économiques —, ce système s’est insinué dans le quotidien des citoyens chinois. Il souligne quels sont les objectifs des dirigeants chinois en la matière (notamment promouvoir des comportements humains vertueux et la confiance), et en quoi ceux-ci sont tout à fait cohérents avec la longue tradition culturelle et politique du pays. Emmanuel Dubois de Prisque insiste bien sur les risques et limites du SCS pour les droits et libertés de chacun, mais montre aussi les améliorations qu’il a pu susciter en Chine. Il s’interroge enfin sur la possibilité qu’un tel système puisse s’exporter dans les sociétés occidentales, bien que cela lui semble pour l’instant peu vraisemblable compte tenu des exigences qui sont les leurs en termes de libertés. Document de fond. Pas de chiffres.