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Being green

01 mars 2020
Auteurs
Numéros de page :
pp.289-303
C’est dans un petit bois un peu déplumé longeant les voies ferrées, entre la gare SNCF et l’entrée cabossée dans la ville ancienne, que l’on a pu voir il y a peu le travail de Mario del Curto. Dans ce jardin délaissé mais très accueillant, le photographe suisse avait accroché ses grands formats à des planches, sommairement clouées – de vrais débuts de cabanes. Oiseaux, cigales, branches empoussiérées voisinaient avec les images de pommes de terre multicolores, les monstres et les mousses de Bomarzo, les cimetières, les palmes artificielles, les banques de graines et les papiers fleuris... C’était là la première exposition en plein air des Rencontres photographiques d’Arles, et ce passage au dehors, grande respiration, redoublait d’évidence l’engagement des images. De quoi était-il en effet question ? D’un grand emmêlement d’hommes et de plantes, de nature et d’utopie, de dépendances et d’oublis. Mieux : d’une humanité végétale : de ce qu’il en est de nous (et de lui) dans nos rapports réels au vivant végétal ; de ce que nous devenons ou pourrions devenir avec et auprès des plantes ; de ce que cela nous fait (fait à nos villes, à nos économies, à nos corps, à nos liens) de mêler nos gestes et nos désirs à leur présence à la fois obstinée et fragile.