Dans un article de 1963, « Au bout de l'Europe », Jean Guéhenno évoquait sa Bretagne, cette terre du Ponant, cette "Finis terrae", pour reprendre le titre du film (1929) de Jean Epstein, exaltant une nature sauvage par de sublimes images. "Je suis allé au bout de l'Europe, au bout de la terre, de notre terre, à la presqu'île de Crozon", notait donc Guéhermo en introduction. Toutefois cette phrase et la description qui suivait n'avaient pas pour seule fonction de chanter la terre de Bretagne, elles précédaient une méditation sur l'Europe, thème abordé assez régulièrement dans les chroniques qu'il publia dans "Le Figaro" de 1944 à 1977 ; en fonction de l'actualité lorsqu'à Bruxelles économistes, diplomates et politiques débattaient des questions européennes, ou à l'occasion de la recension d'un ouvrage : roman, mémoires, essai, ou encore de l'évocation de tel ou tel penseur : Erasme, Michelet, Renan, Romain Rolland, Thomas Mann.