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"Ema", de Pablo Larraín. La danseuse et le nouveau monde

01 septembre 2020
Numéros de page :
pp.186-189
L'admirable carrière de Pablo Larraín commence à s'inscrire dans un étrange balancement. Depuis sa percée avec le film "No", l'auteur a mis les pieds dans un milieu plus ambitieux, populaire, presque hollywoodien, concrétisé par le succès de son "Jackie" avec Nathalie Portman. Mais, alors que se profile un autre biopic prestigieux, "Diana", ainsi qu'une série HBO d'horreur avec Juliane Moore, Larraín continue de livrer quotidiennement des oeuvres plus ardues telles que "Neruda", gardant ainsi un équilibre entre un visage maintstream, et le cinéaste exigeant, parfois aride, qu'il demeure. "Ema" appartient sans discussions à cette seconde catégorie : le cinéaste y retrouve son acteur fétiche, Gael Garcia Bernal, ainsi qu'une production plus économique et légère, apte à l'expérimentation et un retour aux sources. Mais ce retour, loin du repli, s'effectue au contraire dans une régénérescence, par la rencontre avec d'autres corps, d'autres arts, voire une autre génération. Avec "Ema", Larraín affronte une forme de maturité qu'il interroge et confronte, puisqu'admettre son âge est souvent une façon de bien vieillir.