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Chateaubriand et Tocqueville

01 septembre 2020
Numéros de page :
pp.148-155
Avant que Marc Fumaroli ne le fasse, peu d'historiens ont rapproché les noms de Chateaubriand et de Tocqueville. Pourquoi? Pendant longtemps, le nom de Tocqueville était plus connu dans les pays anglo-saxons qu'en France, où la place - celle de la philosophie politique - était largement occupée par Marx. Et les officiants de son culte ne toléraient guère d'autres dieux à côté de lui. Ils pourchassaient même très violemment les hérétiques, surtout dans l'université. Or, dès les années soixante, l'étoile de Marx a commencé à pâlir, pour s'éteindre plus ou moins dans les années quatre-vingt. Plus n'était désormais besoin de préférer les erreurs de Sartre aux vérités de Raymond Aron. Puis ce fut le retour de Tocqueville, dont trois volumes d' "OEuvres" entraient enfin dans la « Bibliothèque de la Pléiade » entre 1991 et 2004. Mais sans doute ne fallait-il pas compromettre ce retour jugé encore fragile en rapprochant imprudemment le penseur de la démocratie et du libéralisme du chantre du christianisme et du mémorialiste de la monarchie...