Cannes 2022 en 30 films
Bulletin : L'Avant-scène 694- 695
01 juin 2022
Numéros de page :
pp.146-164
Du 75e Festival de Cannes, les météorologues retiendront qu'il a coïncidé avec des records historiques de température. Comme si le soleil avait voulu se montrer raccord avec la précédente édition, décalée en juillet pour cause de pandémie. La section éphémère "Cinéma pour le climat" avait quant à elle disparu, même si c'est un cri du coeur profondément écolo, "Tout ce que nous respirons" de Shaunak Sen (séance spéciale), un cri d'alerte contre les ravages de la pollution atmosphérique en Inde, qui a remporté l'Oeil d'or du meilleur documentaire. Si, comme on a tendance à l'affirmer, un festival réussi est celui qui prend le pouls du monde, cette 75e édition aura sans doute été plus politique que jamais. Sans Chinois pour cause d'interdiction de voyager due au Covid-19 et sans Russes en guise de sanction contre l'invasion de l'Ukraine, à l'exception notable de Kirill Serebrennikov, exilé en compétition avec "La Femme de Tchaikovski", Sergei Loznitsa en Séance spéciale avec "The Natural History of Destruction", un documentaire de montage inspiré du livre homonyme de W G. Sebald, mais aussi deux films chargés d'une haute portée symbolique : "Butterfly Vision" de l'Ukrainien Maksim Nakonechnkyi (Un certain regard), qui suit une pilote de drone pendant la guerre du Donbass, et le documentaire "Mariupolis 2" (Séance spéciale) du Lituanien Mantas Kvedaravicius, tué par les soldats russes le 2 avril dernier, prix spécial du jury de l'Oeil d'or.