Des Chemins qui ne se croisent pas ? Les itinéraires des élites et des humbles dans le royaume de France et sur ses marges à la fin du Moyen Age
Bulletin : Revue historique juillet 2021
01 juillet 2021
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Numéros de page :
pp.717-737
A côté de la reconstitution des routes médiévales, l’étude de la culture routière permet de comprendre l’usage et le sens des infrastructures. Les sources littéraires mettent en évidence la dimension routière de l’espace vécu : les étapes des grands axes sont célèbres et fixent une mémoire de longue durée sous la forme de légendes routières. Cette culture de la route influence les représentations des élites royales, qui privilégient politiquement les grands axes au détriment des régions enclavées, ainsi en Auvergne. Le peuple participe-t‑il à cette hiérarchie routière ? On peut mettre en évidence des circulations populaires inattendues. Pendant la guerre de Cent Ans, le peuple circule là où on ne l’attend pas : rebelles normands et réfugiés du Bassin parisien circulent à l’écart des grandes routes et savent se rendre invisibles. Le peuple peut aussi ne pas circuler là où on l’attend. En Forez, les ponts ne sont pas utilisés par les villageois qui franchissent la Loire à gué. Les infrastructures sont ici construites à l’usage des élites. L’exemple des montagnes du Jura illustre finalement un contrôle des circulations populaires assez lointain : dans certains cas, les différentes classes sociales et métiers n’empruntent pas les mêmes routes.