72e Berlinale. Résilience compliquée à la Berlinale
Bulletin : Positif 734
01 avril 2022
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pp.33-37
Masqués, à distance, assignés à des places numérotées, testés quotidiennement les critiques de cinéma auront vécu la 72e Berlinale comme les sportifs les Jeux olympiques d'hiver de Pékin. Curieuse ambiance pour un festival d'ordinaire si vivant... La Potsdamer Platz, épicentre de la manifestation, paraissait fantomatique, quasi déserte à la nuit tombée ; le marché du film, en théorie entièrement virtuel, se tenait en fait à l'écart, presque clandestinement, les quelques acheteurs et vendeurs se donnant rendez-vous dans les cafés alentour, du moins ceux encore ouverts. Même les films donnaient l'impression d'avoir subi les contraintes du Covid : des huis clos tournés en studio, des oeuvres fabriquées avec les moyens du bord, conçues artisanalement par les cinéastes dans leurs ateliers ou seuls face à leur banc de montage ; mais aussi des fictions où l'on porte le masque, d'autres où des personnages errent dans des contrées spectrales, privées de leurs habitants-figurants, à l'écart de la société et des métropoles. Sans parler de celles qui faisaient appel avec nostalgie à un passé souvent mythifié, comme si le présent était devenu impossible à habiter.