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Les "Journées" de Georges Séféris

Bulletin : Europe 1117
01 mai 2022
Auteurs
Numéros de page :
pp.311-316
Les deux premières années des "Journées" nous montrent un jeune Séféris (1900-1971) inquiet et indécis : "Tant que je n'aurai pas une couverture ou une armure, je ne pourrai rien faire... Ou bien faut-il que je coupe les amarres une fois pour toutes ?" Il est mécontent, et contrarié : "J'aimais les lettres, l'art ; on m'a persuadé que m'y adonner signerait ma perte." Après avoir vécu en France puis en Angleterre pour parfaire son anglais sur l'ordre de son père, de retour à Athènes où il commence son journal, Séféris remarque : "Nos intellectuels se goinfrent d'art comme les chèvres d'herbe." C'est une façon de dire que l'art n'est pas quelque chose qui se consomme, mais qu'il doit être lié à ce que l'être a de plus intime, à quelque chose de plus secret, de plus enfoui, loin de toutes les apparences, et que des prédécesseurs sont là, sur lesquels on peut compter : "Rendons grâce, malgré tout, à nos maîtres. À ceux qui nous permettent de résister et de garder espoir dans ce désert."