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Le Caucase du Sud : turbulences et perspectives

01 mai 2022
Numéros de page :
pp.59-72
Complétant la comparaison des systèmes de valeurs sur le continent européen initiée par l’article de Pierre Bréchon et Myriam Désert sur les valeurs des Russes , Futuribles propose ici un regard sur les populations des États du Caucase du Sud, toujours à partir des enquêtes EVS (European Values Studies). Comme le savent nos lecteurs, le Caucase comprend deux parties : le Caucase du Nord (Tchétchénie, Daghestan…) qui fait partie de la fédération de Russie ; et le Caucase du Sud, composé de trois pays indépendants (mais se disputant certains territoires) entre la mer Noire et la mer Caspienne. Ce sont les valeurs exprimées dans ces trois pays — la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan — qu’Anton Eichberger a comparées à celles des Européens de l’Ouest et de l’Est, en particulier s’agissant du rapport à l’Union européenne et des sentiments nationalistes. Après avoir rappelé les conflits et tensions qui affectent le Caucase du Sud depuis des décennies, Anton Eichberger montre ici les disparités existant entre ces pays en matière de nationalisme. Si les valeurs nationales ressortent comme essentielles, et nettement plus marquées qu’en Europe de l’Ouest et de l’Est, la nature du nationalisme varie, tantôt identitaire et fermé (Azerbaïdjan, Géorgie), tantôt plus axé sur des modes de vie partagés (Arménie) ; de même que le rapport aux immigrés (Arméniens et Géorgiens exprimant plus de compassion que les Azerbaïdjanais et même que les Européens). Dans ces domaines, le poids de l’Histoire et du rapport à la Russie reste prégnant, comme en témoigne en particulier l’ouverture marquée de la Géorgie à l’égard de l’Union européenne — mais que la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine en 2022 pourrait venir substantiellement refroidir.