Le Journalisme, hélas, a sa science : le néopositivisme
Bulletin : Revue des deux mondes 5
01 juillet 2022
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Numéros de page :
pp.136-145
Combien de journalistes - pas beaucoup - intégrèrent-ils à leur espace de réflexion non seulement "l'être" non perçu parce que non perceptible mais plus encore "l'être" potentiellement et radicalement correcteur de toutes perceptions possibles à un moment donné: Jacques Chirac ne peut pas battre Edouard Balladur. Une présidence Macron ne peut pas advenir. Et moi-même, en 1997 : "La gauche ne pourra pas gagner les élections législatives." Sous sa forme la plus réductrice, et la plus décléricalisée, l'empirisme à la Berkeley et, au-delà, le néopositivisme continuent à imprégner les sciences sociales en général et la démarche journalistique en particulier. Etre, c'est être perçu: donc "n'est" et, par extension, "ne peut être", que ce qui est perceptible au moment où l'on cherche à le percevoir. Et, en conséquence, ne peut devenir que ce qui, d'une manière ou d'une autre, est déjà là. L'extrême droite à 32 %, ou même le Front national à 16% comme en 2002, voilà ce que l'approche journalistiquement néopositiviste rendait absolument inconcevable et je me heurtais, en effet, à un bloc de dénégation de principe quand je me risquais à le concevoir (en particulier lors de débats avec Alain Duhamel).