"La Double Vie de Véronique" et "Trois Couleurs" de Krzysztof Kieslowski
Bulletin : Positif 739
01 septembre 2022
Auteurs
Numéros de page :
pp.88-89
Certains ont pu remarquer que l'auteur de "Trois Couleurs : Rouge" (1994) pleurait discrètement à la vision de son film achevé. Une émotion sans doute à la source de sa décision d'arrêter de tourner (mais non d'écrire), comme il l'affirma lors de la conférence de presse du Festival de Cannes en 1994, ajoutant : « Je ne pourrai pas faire mieux. » Une confession qui figure dans l'un des suppléments du Blu-ray de ce film, édité par Potemkine Films, celle d'un cinéaste exténué par le long et éprouvant tournage d'une trilogie franco-helvétieo-polonaise, qui soumettait à un traitement monochromatique les trois fondements de la République française, en même temp qu'il en détournait la symbolique idéologique : la liberté (très entravée par un passé douloureux en France dans "Trois Couleurs : Bleu"), l'égalité (inexistante en Pologne, où chacun veut être « plus égal » que les autre selon "Trois Couleurs : Blanc") et la fraternité (malmenée par l'alliance de la misanthropie et du hasard en Suisse dans "Rouge").