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Philippe Tesson, le dernier entretien

01 mars 2023
Numéros de page :
pp.90-99
Il se disait centenaire. C'était un peu exagéré, à six ans près. Mais jusqu'à la fin ou presque, il pétait le feu, buvait un verre de vin, puis un autre, et encore un, en s'amusant de l'époque. Il faisait partie de ces gens qui n'ont pas d'"oeuvre", comme on dit, mais qui ont marqué leur temps de leur génie - c'est le mot -, notamment à la tête de deux quotidiens d'une incroyable liberté : "Combat", le journal d'Albert Camus, puis "Le Quotidien de Paris", qu'il fonda ensuite. li nous aura aussi laissé en héritage l'un de nos grands écrivains contemporains, Sylvain Tesson, prince de l'extrême, orfèvre de la maxime ciselée, qui explorant les forêts, les océans, les montagnes ou les âmes, partage cette fureur de vivre qui habitait son père. À quoi risque de ressembler la France sans Philippe Tesson ? À une morne plaine, une maison vide. Il nous manquera le rire voltairien, la légèreté ormessonienne, les fulgurances de ce qu'on appelle l'esprit français et qui, d'après ce qu'on dit, ne serait plus dans le sens de l'histoire.