Au coeur du politique
Bulletin : BIBLIOthèque(s) 77 - décembre 2014
01 décembre 2014
Numéros de page :
45 p. / p. 6-44, 46-51
Tandis qu'il y a bientôt un siècle, D. H. Lawrence fustigeait déjà «Un des genres du vandalisme américain», le consumérisme des philistins, l'idée, l'exigence d'un développement d'une « lecture publique » en était encore à ses balbutiements. Elaborée dans l'indifférence des pouvoirs publics, celle-ci ne connaîtra son plein essor que sous l'impulsion de personnalités, de « gens du livre », d'un mouvement associatif naissant. Il faudra plusieurs décennies pour qu'une véritable politique publique en matière de bibliothèques ne voie le jour après la deuxième guerre mondiale, plus tard étayée par une foi, un mot d'ordre : la démocratisation de la culture. Mais le véritable développement du réseau français moderne date des années 1980. Au moment-même où la conception humaniste de la culture se trouve débordée par le « tout-culturel ». L'Histoire connaît parfois de semblables courants contraires. Aujourd'hui, la bibliothèque n'est plus un temple, la culture n'est plus sacrée, Marianne descend doucement de son piédestal. Et si, pris en étau entre les nouvelles instances politiques européennes et la puissance des acteurs de l'économie mondiale, l'Etat est peu à peu dessaisi de ses pouvoirs, l'accélération des échanges, leur intensification, la constitution de nouveaux réseaux sociaux par la voie d'internet ramènent les individus au centre d'un jeu où leur rôle reste encore ambigu : citoyens ou usagers