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Spinoza, un aller simple pour la joie

01 novembre 2022
Numéros de page :
pp.42-54
Spinoza a le vent en poupe. Le plus aimé des auteurs « difficiles », chantre d'une rationalité lumineuse, a longtemps été à rebours de son temps. Né à Amsterdam, ce Hollandais de coeur, exclu à 24 ans de la synagogue, admirateur et continuateur de Descartes, jouit aujourd'hui d'une popularité sans égal. Pourquoi ? Sans doute parce que son chef-d'oeuvre, "L'Éthique", propose un art de la joie à nul autre pareil - et que nous en avons bien besoin. Cela requiert aussi les éclaircissements que propose ce dossier. Car les politiques croient lui emprunter le rejet des « passions tristes », sans percevoir que le bonheur selon Bento Spinoza vise à retrouver l'action dans la passion, quelle qu'elle soit, et non à faire taire la tristesse. De son côté, la « psychologie positive » rêve de voir en lui un précurseur, alors qu'il nous apprend plutôt à élargir nos perspectives au-delà du « moi ». En somme, on trouve en lui, si l'on accepte l'extraordinaire expérience de lecture que propose "L'Éthique", un formidable maître de liberté, capable d'accompagner ses lectrices et lecteurs pendant toute une vie. Sa pensée permet encore de lutter contre les obscurantismes sous toutes leurs formes, chaque fois que les pressions religieuses, politiques ou géopolitiques voudraient contraindre la pensée. Car telle est la grande leçon de Spinoza : plus on comprend comment s'exercent les causes dans le monde, plus on devient libre de le changer dans la joie. Sommaire. Lire "L'Éthique", une expérience en soi. Dans l'Europe des impies. Un incroyant parmi les autres. Eva Illouz : « Spinoza ne s'intéresse pas au bonheur ». Par-delà la tristesse et la joie. Désenchaînez vos passions ! Spinoza et Huygens, un accord presque parfait. Raison ou sentiments, la nécessité du Prince. Tolérance, laïcité, libre expression. Pensée en liberté conditionnelle. « La moindre phrase de l'Éthique me met en joie », entretien avec Frédéric Lenoir.