Le |Surréalisme, la chose, pas le nom
Bulletin : Art press septembre 2024
01 septembre 2024
Numéros de page :
pp.40-60
Un siècle après la publication du "Manifeste du surréalisme" d'André Breton, pas tout à fait un demi-siècle après l'inauguration du Centre Pompidou, "Surréalisme, l'exposition du centenaire" est la dernière grande exposition du Musée national d'art moderne, un an avant la fermeture du Centre pour cinq ans. Le plan de l'exposition, très pensé, ressemble au célébrissime "Faux Miroir" de Magritte : un centre, dure et dense pupille noire, où sera exposé le manuscrit du "Manifeste" prêté par la BnF ; un parcours, large iris plein de nuages qui emmènera le visiteur de thème en thème : le rêve, les chimères, Nuits, Cosmos... , en compagnie de Rimbaud, Lautréamont, Lewis Carroll, Sade... ; enfin, des paupières écarquillées, car la sélection embrasse une période très large, 1924-1969, et un vaste territoire, tenant compte du rayonnement international du mouvement. Caractéristique qui engendre une itinérance originale de l'exposition. Dans nos pages, les commissaires Didier Ottinger et Marie Sarré expliquent leur parti pris qui tient compte des personnalités féminines qui ont marqué l'histoire du surréalisme. C'est précisément ce que souligne Marc Donnadieu dans son texte, tandis qu'Annabelle Gugnon s'est attachée à la fonction du rêve. Mais Philippe Forest ouvre le débat en posant l'inévitable question de la célébration d'un mouvement rebel. Si l'exposition met en valeur une "communauté surréaliste", et conforte sans aucun doute l'intérêt manifesté aujourd'hui par de jeunes générations d'artistes pour certaines de ses valeurs, notamment la place faite à l'irrationnel, il conviendrait toutefois de ne pas gommer les débats, voire les conflits, qui l'agitèrent, parfois plus fructueux que la doctrine, ni les critiques dont il fut l'objet. Sommaire. Le surréalisme, l'ombre et la proie. Célébrer le surréalisme. Prolégomènes au surréel. Transgresser les genres et les frontières.