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Un |Monde de couleurs. La polychromie dans l'Antiquité

01 septembre 2024
Numéros de page :
pp.6-71
Plongez votre regard dans les yeux de la Vénus de Milo : elle est là, tellement vivante et vibrante de beauté. Elle pourrait tourner la tête et vous adresser la parole. Le face-à-face avec de tels chefs-d’oeuvre nous rend l’Antiquité si proche, si familière. Ce sentiment est pourtant le fruit d’un malentendu, car les oeuvres antiques qui ont traversé les siècles nous sont pour leur grande majorité parvenues dépourvues de leurs couleurs. Pis, nous avons érigé des oeuvres et des monuments en idéal de beauté précisément pour la blancheur de leur marbre, synonyme de pureté voire de vertu. À l’opposé, c’est un monde de couleurs que s’attache à restituer ce dossier consacré aux créations sculptées et architecturales des domaines grec, étrusque et romain. Philippe Jockey nous y apprend dans un article introductif que la bigarrure antique a été difficile à admettre, y compris dans le milieu savant et malgré l’évidence des vestiges qui s’accumulaient au XIXe siècle en Grèce. Ce constat est valable également pour l’art romain, où les études de polychromie sont encore peu nombreuses ; mais Emmanuelle Rosso met l’accent sur l’importance du choix des marbres, guidé justement par la couleur et la signification qu’on prête à ces dernières, en particulier pour les images impériales. Dans le domaine étrusque, Julie Labregère fait revivre un univers coloré, notamment à travers des terres cuites architecturales aux formes audacieuses. Comment rendre à l’Antiquité ses couleurs ? Les auteurs de ce dossier s’y emploient chacun dans leur spécialité, tandis que les musées mettent en oeuvre pour le grand public des dispositifs de médiation variés, comme le détaille Camille Béguin en conclusion. C’est donc un peu de ce malentendu avec l’Antiquité que nous lèverons dans les pages suivantes, convaincus qu’au marbre blanc et froid les lecteurs préfèreront une Antiquité haute en couleurs et plus vivante que jamais. Sommaire. Retrouver les couleurs de l’art grec, un défi du XIXe siècle. Gilliéron et la polychromie à l’Acropole d’Athène. Thérapéia, prendre soin de la couleur en Grèce antique. Les copies peintes du musée des Moulages de Lyon. La polychromie des terres cuites architecturales. La statue de la tombe d’Isis. La tombe des Démons ailés à Sovana. Les mille couleurs du pouvoir impérial à Rome. Et en Gaule romaine ? Les lettres gravées et colorées. La recherche sur la couleur en polychromie antique. Les matériaux de la couleur. Transmettre les couleurs disparues : comment font les musées ?
Note Générale : Dossier de 13 articles.