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Economie politique de la financiarisation

01 septembre 2019
Numéros de page :
pp.2-13
"On a créé les conditions dans lesquelles l’industrie se trouvait soumise à la logique de la rentabilité financière à court terme" : c’est dans ces termes que le président de la République Nicolas Sarkozy décrivait, dans son discours du 25 septembre 2008 à Toulon, les raisons de l’effondrement du système financier consécutif à la crise. De manière surprenante, il soulignait non seulement que le développement des secteurs financiers est le produit d’une action des institutions publiques ("on a obligé les entreprises... on a soumis les banques à des règles"), mais aussi qu’il s’inscrit dans des rapports de force entre groupes sociaux aux intérêts distincts ("on a financé le spéculateur plutôt que l’entrepreneur"). Son discours explicite un fait souvent nié par les promoteurs publics du secteur financier comme par les acteurs de la finance eux-mêmes depuis les années 1970 : le caractère socialement et politiquement construit du processus de financiarisation. Loin d’être un résultat des seules forces du marché, la financiarisation est un ensemble de rapports sociaux qui sont le fruit d’interventions étatiques.