Le Pouvoir d'interdire
01 septembre 2015
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14 p. / p. 42-55
Rien de plus banal que l'examen médical auquel quiconque ne peut se soustraire - depuis 1942 - pour accéder aux compétitions sportives. Celui-ci s'applique à tous, même si l'intensité du contrôle exercé croît avec les niveaux de pratique, comme chez les sportifs d'élite qui doivent se plier à une batterie de tests toujours plus poussés. Autant d'épreuves contraignantes voire intrusives qui sont d'autant plus acceptées que la population est socialement préparée à s'y soumettre. Parvenue à se faire oublier comme telle - c'est-à-dire à occulter l'arbitraire de son imposition -, l'effet de dépossession qu'engendre cette action médicale tire sa force de la méconnaissance de ce qu'elle impose, et de la manière de s'imposer comme un de ces instruments légitime de veille sanitaire et de détermination des aptitudes. Seul un travail d'anamnèse consistant à élucider la genèse sociale de ce passage obligé peut permettre d'en saisir aussi bien les champs d'application que l'ensemble des présupposés et implications qui échappent au discours.