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Echapper à l'enfermement domestique

01 décembre 2016
Numéros de page :
16 p. / p. 56-71
Comment l'espace domestique et les normes de genre qui s'y jouent contribuent-ils à définir les positions de classe des individus et des fractions de classes au sein des mondes populaires ? Une monographie menée entre 2008 et 2012 dans un lotissement de l'Isère montre que la dynamique des rapports sociaux de sexe constitue une ligne prépondérante de perception et de classement du monde social au quotidien, au-delà des différences socio-économiques objectivées dans le bâti et l'aménagement des maisons. Les résistances à l'ordre sexué imposé par les nouvelles charges domestiques forment le fondement de micro-hiérarchies dans l'espace local, opposant trois groupes de femmes et de rapports à l'emploi : les jeunes femmes de cités, qui ont progressivement renoncé à leur activité salariée dans le tertiaire peu qualifié pour se mettre au service de la maisonnée ; les ouvrières du coin, qui travaillent en horaire décalé et assument le quotidien en alternance avec leur conjoint ; les jeunes femmes plus dotées qui partent travailler « dans les bureaux » de la grande agglomération voisine. Peu présentes la journée au lotissement, ce sont elles qui sont au sommet de la hiérarchie sociale locale et incarnent la norme d'émancipation.