Education nationale : quelles finalités
Bulletin : Futuribles septembre octobre 2024
01 septembre 2024
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pp.73-83
L'Éducation nationale en France est accusée de tous les maux : inculpée en raison de ses médiocres performances à l'aune des classements internationaux, elle l'est également au prétexte de ne plus corriger les inégalités liées à l'origine sociale des élèves, de se méprendre sur ses finalités essentielles, et les enseignants sont, eux, accusés de manquer à leurs devoirs. Mais, répond Fabien Truong, il n'y a jamais eu d'âge d'or de la mobilité sociale en France et les études consacrées au sujet ne sont pas comparables sur longue période car la population a changé. Le fait nouveau, depuis les années 1960, est que les enfants des classes populaires sont beaucoup plus nombreux et beaucoup plus divers à intégrer l'institution scolaire - que leurs parents n'ont pas, ou peu, fréquentée - et que leur capital culturel est moindre. Mais certains d'entre eux réussissent et bénéficient d'une promotion sociale, alors que d'autres n'y parviennent pas, notamment parce qu'ils auraient besoin d'être mieux encadrés. Ainsi voit-on, dans les quartiers, certains partir et s'en affranchir alors que s'y concentrent les populations les plus déshéritées. Si le niveau baisse, sous réserve d'ailleurs de bien le mesurer, c'est parce que l'on compare un petit nombre d'élèves privilégiés à un grand nombre d'élèves d'origine sociale plus diverse auxquels il serait important d'accorder plus d'attention et de moyens afin de leur éviter l'échec et la relégation. Mais cela impliquerait que les enseignants puissent davantage les écouter et les comprendre, qu'ils puissent veiller à leur développement personnel et pas exclusivement à leur acquisition de savoirs académiques, que l'on développe les savoir-être et le vivre-ensemble sans les obliger tous à suivre la même voie. En substance, il faudrait qu'en France, l'éducation soit reconnue comme une priorité nationale.