Deux enfants - "le garçon" et "la fille" dont on ne connaît pas les prénoms - racontent à tour de rôle, dans des chapitres alternés tout au long du roman, le déroulement d'une colonie de vacances. De ces deux monologues parralèles, qui ne parviendront jamais à se rejoindre en dialogue, se dégage l'impression angoissante que chacun est seul, que la communication est impossible. Le garçon, d'emblée, y semble résigné. Il n'attend rien de ce séjour. Même le drame qui survient dès le premier jour (il est témoin d'un accident où un camarade trouve la mort) paraît n'être qu'une cause de plus à sa résignation. Il s'applique à ne rien laisser paraître, à faire scrupuleusement ce qu'on attend de lui, mais attend-on grand chose? La fille aurait bien des désirs, des besoins d'amitié, elle aimerait parler à ce garçon, vivre des jours moins mornes. Mais rien ne se passe, rien ne permet de rompre la carapace dont chacun se protège. Et puis, de jour de pluie en jour de pluie, le temps passe, la colo s'achève, chacun rentre chez soi... Voilà, comme dit souvent le garçon, "c'était couru d'avance". Ce texte d'une grande qualité littéraire, qui offre une remarquable cohérence entre le mode d'écriture (la composition comme le style) et le propos, laisse une impression forte que l'on pourra cependant peut-être trouver bien triste. (Revue des livres pour enfants).